Amin Hoteit, analyste des questions stratégiques de la région, a déclaré que la principale raison des troubles actuels en Irak était le fait que le Premier ministre irakien n’avait pas fait droit à certaines demandes américaines.
L’expert libanais vient de déclarer ces propos sur Twitter.
Selon son analyse, les Américains exigent une révision de l’accord bilatéral stratégique Bagdad-Washington qui vise à donner un cadre légal à la présence de 6 000 militaires US sur cinq bases américaines ; présence qui s’est heurtée, rappelons-le à la vive opposition du chef du gouvernement irakien.
Le Premier ministre irakien s’est également opposé aux appels américains à refuser toute politique ouverte vis-à-vis de la Chine et à élargir les relations bilatérales sino-irakiennes. En outre, Abdel Mahdi a également rejeté la pression américaine visant à dissoudre les Hachd al-Chaabi et à les désarmer.
Le fait de bloquer le passage frontalier Qaem-Abou Kamal, de suspendre les relations du gouvernement irakien avec l’Iran, d’accepter l’encerclement US et de garder le silence face aux raids israéliens sur différentes cibles en Irak était d’autres exigences de la Maison-Blanche qui se sont d’ailleurs toutes heurtées à une fin de non-recevoir de la part d’Abdel Mahdi.
Cet analyste des questions régionales a souligné qu’à la suite de ces événements, les États-Unis avaient menacé Abdel Mahdi de le démettre de ses fonctions et que ce dernier n’avait fait aucun cas de ces menaces. Et c’est ainsi que les troubles d’un genre plus que suspect sous le couvert d’une protestation populaire pour de meilleurs moyens de subsistance et de bien-être ont commencé.
Dans ce droit fil, une réunion des commandants sécuritaires irakiens a eu lieu, ce samedi matin, sous la présidence du chef de l’exécutif qui est aussi le commandant en chef des forces armées de l’Irak.
Et les derniers développements liés aux manifestations dans certaines villes irakiennes ont été examinés en présence des ministres irakiens de la Défense et de l’Intérieur.
Et c’est ce matin, samedi que le couvre-feu a été levé à 5 h heure locale (2 h GMT), a rapporté la chaîne publique Iraqiya.
Depuis mardi, des Irakiens sont dans la rue à Bagdad et dans d’autres villes. Ils expriment leur colère contre la corruption, le chômage et des services publics insuffisants. Ces manifestations ont fait des morts et des blessés.
À deux heures du matin vendredi, le Premier ministre irakien s’est adressé à la nation dans une allocution télévisée. Il a dit comprendre la frustration de la population et vouloir répondre aux « demandes légitimes » des manifestants. Il a pourtant souligné qu’il n’existait pas de « solution miracle » pour certains problèmes du pays.
Le Premier ministre irakien a insisté sur la lutte contre la corruption en évoquant l’expulsion de 1 000 fonctionnaires. Il n’a pas non plus oublié de rappeler que les États-Unis continuaient l’occupation de l’Irak en contrôlant l’économie, le système bancaire, le pétrole, la sécurité et les accords conclus dans ce pays. La partition des revenus de pétrole se fait sous la surveillance de Washington. Il a également rappelé que l’électricité du pays était contrôlée par les USA et que le désaccord entre les deux compagnies Siemens et General Motors avait privé l’Irak de ses grandes ressources de production énergétique. Abdel Mahdi a également présenté des preuves selon lesquelles les Américains exploitent de façon « non standard » les puits et les ressources de pétrole. « En tant que force occupante, les Américains sont les responsables directs des problèmes actuels de l’Irak », a-t-il affirmé.